Les ariettes
1. GOSSEC, « Dans un verger Colinette » (Alice Lestang), Le Tonnelier, livret d’Audinot et Quétant, 1765.

2. DUNI, « Être amoureux à mon âge » (Christophe Crapez), Les Sabots, livret de Sedaine, 1768.

3. GRÉTRY, « Si je pense, c’est votre ouvrage » (Delphine Guevar), L’Amitié à l’épreuve, livret de Favart, 1770.

4. MONSIGNY, « Adieu Félix / Adieu Thérèse » (Delphine Guevar, Christophe Crapez), Félix ou l'Enfant trouvé, livret de Sedaine, 1777.

et 6. DUNI, « Tout doucement » puis « L’avez-vous vu mon bien aimé ? »  (Alice Lestang),  La Fée Urgèle, livret de Favart, 1765.

7. MONSIGNY, « Aladdin, fils de Noraddin » / « Ô, ma tant douce colombelle » (R Bousquet), On ne s’avise jamais de tout (scène 8), livret de Sedaine, 1761.

8. GRÉTRY, « Cher Vergy, sauvez vos jours » (Delphine Guevar, Richard Bousquet), Raoul Barbe-Bleue, livret de Sedaine, 1789.

9. BLAISE, « Ô nuit, charmante nuit » (Richard Bousquet), Isabelle et Gertrude, livret de Favart, 1765.

10 et 11. DALAYRAC, « Romance » et « Délire » (A. Lestang : la fillette ; D. Guevar : Nina), Nina ou la Folle par amour, livret de Marsollier, 1786.

12. BERTON, « C’est là qu’elle sera quand les flots me l’auront rendue » (Richard Bousquet), Le Délire, livret de Révéroni Saint-Cyr, 1800.

13. PHILIDOR, « Dès le matin je prends en main ma lourde cognée » (Christophe Crapez), Le Bûcheron, livret de Castet et Guichard, 1763.

14. NICOLO, « Couronnons-nous de fleurs nouvelles » (Delphine Guevar), Cendrillon, livret d’Étienne, 1810.

15. GRÉTRY, « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille » (A. Lestang, D. Guevar, R. Debois, Ch. Crapez), Lucile, livret de Marmontel, 1769.

Présentation des ariettes

1. « Dans un verger Colinette » (solo)
Quétant et Audinot / Gossec et alii., Le Tonnelier (1765), sc. 2. 
Colin et son maître, le tonnelier Martin, sont tous deux amoureux de Fanchette. Cette dernière, pour apaiser la fureur de Martin qui ne supporte plus d'entendre Colin chanter des chansons railleuses, lui propose de chanter à son tour Il s’exécute puis demande à Fanchette de chanter pour lui une romance qu’il apprécie particulièrement : « Dans un verger Colinette ».
Après la création de la pièce, cet air devient un vaudeville, c’est-à-dire que sa musique est reprise sur des paroles nouvelles, ce qui témoigne du succès qu’il remporte auprès du public de l’époque. En 1784, le recueil de Chansons choisies, avec les airs notés publie dans sa rubrique « chansons érotiques » les paroles de « La pêche volée » à chanter sur l'air de « Dans un verger Colinette ».
2. « Être amoureux à mon âge » (solo)
Sedaine / Duni, Les Sabots (1768), sc. 1. 
La pièce s’ouvre sur cette ariette du barbon Lucas, qui se désespère d’aimer la jeune Babet, elle-même amoureuse de Colin.
3. « Si je pense, c’est votre ouvrage » (solo)
Favart / Grétry, L’Amitié à l’épreuve (1771), sc. 3.
Blandford, officier de marine, a confié à son ami Nelson, membre du Parlement d’Angleterre, la jeune indienne Corali, une orpheline qu’il a sauvée des périls de la guerre et dont il est amoureux. Nelson s’aperçoit qu’il ressent lui-même de l’amour pour Corali, dont il est aimé en retour. Corali s’étonne du trouble de Nelson, car ce dernier est à ses yeux un exemple de sincérité et de naturel.
4. « Adieu Félix / Adieu Thérèse » (duo)
Sedaine / Monsigny, Félix ou l’Enfant trouvé (1777), acte II, sc. 15. 
Félix est le frère adoptif de Thérèse. Les deux jeunes gens s’aiment, mais Thérèse a trois frères qui souhaitent la voir épouser l’affreux Versac et qui font tout pour éloigner Félix. Alors que ce dernier s’apprête à quitter la maison familiale, Thérèse et lui se font leurs adieux.
5. et 6. « Je vais vous dire tout » puis « L’avez-vous vu, mon bien aimé ? » (solo)
Favart / Duni, La Fée Urgèle (1765), acte III, scènes 4 et 5. 
Le chevalier Robert, pour un baiser volé à Marton, est jugé par le tribunal de la cour d’Amour, présidé par la Reine Berthe et composé uniquement de femmes. Pour échapper à la mort, il doit trouver « ce qui plaît aux dames ». C’est grâce à la Vieille que le chevalier résout l’énigme. Il s’est engagé en contrepartie à faire ce qu’elle lui demandera. Alors que Robert savoure son triomphe et s’apprête à reprendre la route pour accomplir de nouveaux exploits, la Vieille lui rappelle son serment et lui demande de l’épouser. Devant le refus du chevalier, elle exprime son désespoir dans une romance, « L’avez-vous vu, mon bien aimé ? », qui attendrit finalement Robert. C’est alors que la Vieille devient la fée Urgèle, dont les traits sont ceux de Marton. Robert comprend que « la Vieille était Marton, et Marton est Urgèle ».
7. « Aladdin, fils de Noraddin » / « Ô, ma tant douce colombelle » (solo)
Sedaine / Monsigny, On ne s’avise jamais de tout (1961), sc. 8.
Pour approcher sa bien aimée, placée par son tuteur sous la surveillance de la duègne Margarita, Dorval se déguise en mendiant et prétend revenir du Maroc où il aurait été réduit en esclavage par le Muphti. Pour remercie Margarita, qui lui a fait l’aumône, Dorval chante à la duègne et sa protégée un air qu’il dit avoir chanté naguère au Muphti en guise de divertissement. Il glisse dans cet air des instructions à l’attention de Lise, puis une romance qui lui permet d’exprimer ses sentiments à l’égard de la jeune fille sans éveiller la méfiance de la naïve – ou complaisante ? – Margarita.
8. « Cher Vergy, sauvez vos jours » (duo)
Sedaine / Grétry, Raoul Barbe-Bleue (1789), II, 10 et III, 1. 
Sous la pression de ses frères, Isaure a accepté de renoncer à Vergy et d’épouser le riche Raoul Barbe-Bleue afin de restaurer les finances et l’honneur de la famille. Raoul interdit à Isaure d’ouvrir la porte d’un mystérieux cabinet dont il met pourtant la clé à sa disposition. Il part en voyage. Isaure ouvre la porte et aperçoit trois corps décapités. La clé s’étant cassée dans la serrure, Isaure est au désespoir. Vergy, a réussi à la rejoindre. Déguisé en femme, il se fait passer pour sa sœur. Consciente du péril qui les menace, Isaure reconnaît ses torts envers Vergy et le supplie de l’abandonner pour sauver sa propre vie, tandis que Vergy affirme sa volonté de combattre à ses côtés le sanguinaire Raoul.
9. « Ô nuit, charmante nuit » (solo)
Favart / Blaise, Isabelle et Gertrude, ou Les Sylphes supposés (1765), scène 1.
« Le ciel est sans nuage, et la nuit, qui est dans son plein, paraît au-dessus des arbres, et éclaire tout le jardin. » Dorlis a pénétré dans le jardin qui entoure le pavillon où la belle Isabelle habite avec sa mère. Craignant d’être découvert, mais heureux d’être si près de celle qu’il aime, il est « agité d’une douce inquiétude ».
10 et 11.  « Voici l’heure où il doit venir » puis « Quand le bien-aimé reviendra » (duo)
Marsollier / Dalayrac, Nina ou la Folle par amour (1786), sc. 6.
Alors que Nina devait épouser Germeuil, son père lui impose au dernier moment un autre mari. Germeuil est prié de prendre ses distances. Après le départ de son bien aimé, Nina sombre dans la folie. Chaque jour à la même heure, elle s’assoit sur un banc « placé devant une grille qui conduit à la grande route » et appelle en vain Germeuil.
12. « C’est là qu’elle sera quand les flots me l’auront rendue » (solo)
Révéroni Saint-Cyr / Berton, Le Délireou Les Suites d’une erreur (1800), sc. 8.
Murville s’est ruiné au jeu, provoquant la mort de son enfant. Tout le monde pense que son épouse s’est également noyée. Murville a sombré dans la folie. L’arrivée d’un joueur autrefois fréquenté par Murville produit une aggravation de son état.
13. « Dès le matin, je prends en main ma lourde cognée » (solo)Castet et Guichard / Philidor, Le Bûcheron (1763), sc. 2. 
« Le théâtre représente, à droite une forêt, et à gauche quelques chaumières, qui paraissent terminer un hameau. On entend du fond de la forêt des coups de cognée, dont le bruit annonce que celui qui y travaille est encore bien loin ; ce bruit s’accroît et s’éclaircit successivement. » Blaise entre en scène, « une cognée sur l’épaule et une bouteille d’osier sous le bras. Il les pose à terre, et s’essuie le front avec sa manche », puis chante : « Dès le matin, je prends en main ma lourde cognée… ».
14. « Couronnons-nous de fleurs nouvelles » (solo)
Etienne / Nicolo, Cendrillon (1810), acte II, sc. 13.
Lors du bal qu’il donne pour trouver une épouse, le prince Azor organise un concours pour désigner la plus talentueuse des jeunes filles. Clorinde, l’une des sœurs de Cendrillon, chante un air dont les paroles sont présentées comme la « traduction d’une ode d’Horace par Lamotte », sur un air de boléro : c’est le comble de l’artifice et de la vanité.
15. « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ! » (quatuor) - Marmontel / Grétry, Lucile (1769), sc. 5.
Lucile et Dorval s’aiment et doivent se marier. Avec leurs pères Timante et Blaise, ils font l’éloge du bonheur familial.
« Ce morceau de musique a servi, depuis qu'il est connu, pour consacrer les fêtes de famille. Un jeune homme, dont je devrais savoir le nom, étant à la première représentation de cette pièce, aperçut le duc d'Orléans essuyant ses yeux pendant le quatuor : il se présente le lendemain avec confiance au prince, qui ne le connaissait pas : « Monseigneur, dit-il en se jetant à ses genoux, j'ai vu pleurer votre altesse, hier, au quatuor de Lucile. J'aime éperdument une demoiselle qui appartient à un gentilhomme de votre maison ; il refuse de nous unir parce que ma fortune ne répond pas à la sienne, et j'implore votre protection. Le prince lui promit de s'instruire de l'état des choses, et le mariage fut fait peu de temps après. Je demande si à cette noce on chanta le quatuor ? Je me trouvai moi-même quelque temps après chez un homme qui s'était opposé infructueusement au mariage de son frère ; la jeune épouse, belle comme Vénus, se présente chez le frère de son mari ; elle y est reçue très poliment, c'est-à-dire froidement. ; cependant, comme j'aperçus que les caresses de la dame jetaient du trouble dans le cœur de son beau-frère, je les engageai à s'approcher du piano ; je chantai le quatuor avec effusion de cœur, et j'eus le plaisir de voir, après quelques mesures, le frère et la sœur s'entrelacer de leurs bras en répandant des larmes si douces, celles de la réconciliation. S'il est permis de joindre l'épigramme à ce que le sentiment a de plus précieux, je rapporterai l'anecdote suivante : Des officiers de judicature, créés sous les auspices d'un ancien ministre dont les opérations n'avaient pas eu l'approbation publique, assistaient, dans leur loge, à un spectacle de province ; on représentait la tragi-comédie de Samson. Arlequin luttait sur la scène avec un dindon qui, s'étant échappé, se réfugia dans la loge de ces officiers ; aussitôt le parterre se mit à chanter en chœur : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille » (A. E. M. Grétry, Mémoires ou Essais sur la musique, Paris, Impr. de la République, an V)